jordan Wadi Rum (59 images)

Sentiers bédouins
Les voies du vertige
Sur les vires bédouines


Il ne faut pas se laisser impressionner par les gigantesques parois baroques et les crêtes déchiquetées du Wadi Rum. Encore moins s'inquiéter des tourbillons de sable qui s'engouffrent comme des mauvais esprits dans les étroits canyons de sable séparant les djebels (massifs montagneux). Et surtout ne pas s'affoler à l'idée de se...
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Sentiers bédouins
Les voies du vertige
Sur les vires bédouines


Il ne faut pas se laisser impressionner par les gigantesques parois baroques et les crêtes déchiquetées du Wadi Rum. Encore moins s'inquiéter des tourbillons de sable qui s'engouffrent comme des mauvais esprits dans les étroits canyons de sable séparant les djebels (massifs montagneux). Et surtout ne pas s'affoler à l'idée de se perdre à jamais dans l'immensité des horizons . Le désert des Bédouins n'est pas un désert comme les autres. Comparé au Sahara, c'est un jardin de sable aux dimensions modestes. Et comme le grès qui façonne ses paysages, il se donne des airs de dureté implacable pour se révéler au final doux au toucher et friable à coeur.
Le soleil vient enfin de s'élever au dessus de l'imposante pyramide du djebel Barrah. La roche se réchauffe sous l'ardeur des premiers rayons. Le Djebel Um Ishrin (1753 m) sort de son engourdissement nocturne. On commence l'ascension par une traversée à fleur de paroi. Premières sensations de grimpe. Plaisir de sentir la douceur du grès sous ses pieds nus, bonheur de choisir ses prises, satisfaction de trouver sa trajectoire... et premières appréhensions du vide. Il va falloir savoir l'apprivoiser pour les jours prochains !
On chemine sur une vire étroite suspendue dans la paroi. On louvoie sous des alcôves ocres, on côtoie des tourelles rouges percées de lunules, et l'on effleure des clochetons grotesques. Autant de fantaisies baroques sculptées dans la roche tendre au gré de l'humeur surréaliste des vents et des orages.
Philippe Légier, guide de haute montagne marseillais, explore ces voies bédouines depuis plusieurs années. D'un oeil exercé, derrière ses petites lunettes, il repère le moindre signe de passage. Une mince traînée dans le grès rouge, une marche érodée par le temps ou quelques pierres empilées par un chasseur bédouin...
Des chèvres sauvages nous toisent d'un oeil torve avant de disparaître au détour d'une vire improbable. Les parois se resserrent et la gorge se fait canyon et bientôt siq. Le sac à dos râpe contre les verrous rocheux séparant des vasques d'eau froides et sombres comme la nuit.
L'endroit est fréquenté depuis des millénaires par les premiers habitants du désert. Les Nabatéens ont creusé des marches pour faciliter la descente des porteurs d'eau lourdement chargés. Cent kilomètres à peine plus au sud, ils ont sculpté dans la même couche de grès rose et ocre les fabuleux palais et tombeaux de Pétra.
Ici, les fouilles archéologiques ont mis à jour les ruines d'un temple nabatéen près du village de Rum et de nombreux vestiges de barrages, canaux et citernes destinés à capter l'eau des djebels. Plus à l'est, les archéologues continuent d'explorer les djebels de l'Arabie Saoudite à la recherche d'une improbable cité perdue.
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